L’accès à la formation est une condition du développement de l’employabilité des salariés

L'accès à la formation est une condition du développement de l'employabilité des salariés Cergy Pontoise Val d'Oise Djem

Employabilité, le mot circule désormais sur toutes les bouches. Comment la définir ?

L’employabilité est l’aptitude d’un salarié à trouver du travail ou à conserver son poste.
mais comment accroître cette aptitude ?
En réalité à cette première question, s’ajoute celle-ci :
« Comment développer l’employabilité tout au long de la vie professionnelle du salarié ? »
En effet le marché du travail exige des salariés qu’ils s’adaptent à chacune des vagues de mutations technologiques, à chacune des révolutions managériales et organisationnelles. Des emplois disparaissent, d’autres apparaissent dans des espace-temps de plus en plus courts…
Dans leur vie professionnelle, à combien de changements de jobs, d’entreprises, de secteurs, voire de pays les salariés devront-ils se confronter ? Sont-ils prêts d’emblée à faire ces efforts, déstabilisants par nature mais également déstabilisants par leur fréquence ?

Comment aider les salariés ? En les poussant à développer leur employabilité…Oui, certes mais comment ?

Le premier levier est incontestablement la formation professionnelle continue. Le Sénat le soulignait déjà en juillet 2007 en titrant la première partie de son rapport « Formation professionnelle et employabilité : un couple à consolider » (1)
Et d’ailleurs les entreprises qui « cultivent l’employabilité » (2) se félicitent elles-mêmes de la politique de RH qu’elles ont choisie.
« La capacité à développer les compétences des collaborateurs explique notre très faible taux de turnover, assure Marianne Laigneau, DRH du groupe EDF, qui consacre plus de 8% de sa masse salariale (600 millions d’euros) à la formation. En moyenne, chacun de nos salariés bénéficie de cinquante heures de formation par an dans nos académies métiers et nos chantiers écoles. » (2)
La formation permet de « développer les talents » (2). Est-ce que ce n‘est pas déjà le premier pas vers l’employabilité ? Oui mais, ajoute Isaac Getz, professeur de management à l’ESCP Europe-Paris, il faut aussi responsabiliser, car « le salarié ne pourra jamais être véritablement « employable », voire s’auto-employer en devenant entrepreneur, si, dans sa carrière, il n’a pas eu l’occasion de prendre des initiatives et de mener des projets qu’il a lui-même mis sur les rails ». (2)

Peut-on expliquer le chômage élevé par un manque d’adéquation entre l’offre et la demande de travail ?

Oui pour une part. Des études récentes révèlent les difficultés structurelles du marché de l’emploi en France.
Selon les économistes, la situation dans laquelle le taux de chômage reste élevé alors que le nombre d’offres d’emplois non satisfaites ne baisse pas, est l’expression d’un déséquilibre structurel entre les offres et les demandes d’emplois.
Or la France connaît cette situation préoccupante depuis 2009. Il semble qu’on peut retenir « qu’au moins environ 400 000 tentatives de recrutement sont abandonnées chaque année faute de candidat » (3)
Ces chiffres sont déroutants… Les Français sont-ils devenus insuffisamment employables ? Serait-ce un manque de qualification initiale ou bien un manque de formation continue, nécessaire pour s’adapter aux nouveaux postes de travail, au nouvel environnement technologique, à une économie de plus en plus mondialisée… ? L’un et l’autre sans doute…

Le niveau de qualification et le diplôme obtenus en formation initiale sont déterminants dans l’obtention d’un poste…

Pour preuves les statistiques fournies par l’INSEE…
accès à la formation condition développement employabilité salariés. Taux de chômage selon le sexe et la durée écoulée depuis la fin de la formation initiale

Taux de chômage selon le sexe et la durée écoulée depuis la fin de la formation initiale

 

Accès à la formation condition du développement de l'employabilité des salariés. Taux de chômage selon le diplôme et la durée écoulée depuis la fin de la formation initiale

Taux de chômage selon le diplôme et la durée écoulée depuis la fin de la formation initiale

Comme le montrent ces chiffres, plus le niveau du jeune est élevé en sortie de formation, plus l’accès au marché du travail est facile.

Mais le niveau initial ne suffit pas ! Le salarié doit enrichir ses compétences à chaque instant par tous les moyens mis à sa disposition. La formation est un de ces moyens…

D’autant que la formation est un droit des salariés et que l’entreprise a l’obligation de les former. Comme le rappelle le Ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation Professionnelle et du Dialogue Social, l’employeur doit « assurer l’adaptation des salariés à leur poste de travail, notamment par la formation, et de veiller au maintien de leur capacité à occuper un emploi, au regard notamment de l’évolution des emplois, des technologies et des organisations. Il en est de même lors de licenciements pour motif économique : à l’obligation de reclassement des salariés concernés s’ajoute celle visant à assurer leur adaptation au nouvel emploi, notamment par une formation adéquate et suffisante ». Les magistrats de la Cour de Cassation (4) ont d’ailleurs eu l’occasion de rappeler que l’employeur doit non seulement assurer l’adaptation des salariés à leur poste de travail, mais aussi veiller au maintien de leur employabilité (Code du travail, art. L. 6321-1).

Un droit mal ou peu utilisé…

« Le manque de formation des salariés est une réalité dans bien des entreprises. Ainsi, selon une étude publiée en mai 2013 par le Céreq (5) (Centre d’études et de recherches sur les qualifications), 28 % des entreprises de 10 à 49 salariés n’ont pas fait de formation au cours de l’année 2010. Pour 80 % d’entre elles cela est dû au fait qu’elles estiment les compétences de leurs salariés suffisantes. » (4)
Le Céreq mène actuellement une nouvelle enquête, commencée en 2012, le DIFES2. Il s’agit de «Croiser politiques de formation des entreprises et point de vue des salariés. (…)
Elle interroge environ 6 000 couples employeurs-salariés sur des données 2010. Le dispositif vise à éclairer comment les politiques de formation des entreprises, elles-mêmes inscrites dans des organisations du travail, sont susceptibles de sécuriser les parcours professionnels des salariés. Le parti pris de cette enquête est en effet d’explorer d’autres pistes d’articulation entre formation et sécurisation des parcours que celles qui cantonnent la sécurité à un problème social externe à l’entreprise, pour l’inscrire dans l’activité même de travail. Les modes d’organisation du travail et de management des entreprises influent sur la capacité des salariés à aspirer à se former et à se développer professionnellement. (…) L’enquête en cours, DIFES2, fait suite à l’édition DIFES1 qui avait permis de mettre en exergue les résultats suivants :
en 2006, seules 10% des entreprises offraient des opportunités de formation et intégraient une dimension participative pour tous les salariés ;
la diffusion large de l’information et l’ouverture de l’espace de délibération dans l’entreprise profitent avant tout aux non cadres ; l’appétence pour la formation ne relève pas de la seule responsabilité individuelle. L’environnement configuré par l’entreprise apparaît bien plus crucial. »

En conclusion,

L’employabilité d’un salarié sera d’autant plus développée que celui-ci aura satisfait à 2 conditions :
Optimiser son parcours de formation initiale
Être pro-actif dans sa quête pour se former tout au long de sa vie professionnelle.
Le rôle de l’entreprise est certes primordial : elle doit créer des conditions propices à l’accès à la formation professionnelle.
Encore faut-il que celle-ci ne doit pas être vécue par le salarié comme une contrainte et/ou comme une insupportable remise en cause de soi …

Liens & Notes de bas de page
(1) Rapport d’information n° 365 (2006-2007) de M. Bernard SEILLIER, fait au nom de la mission commune d’information Formation professionnelle, déposé le 4 juillet 2007 – page 4
(2) Employabilité : pourquoi les entreprises gagnent à former leurs salariés ? En savoir plus
(3) Rapport du Conseil d’Orientation pour l’Emploi du 30/09/2013 – page 3
(4) Cour de cassation, chambre sociale, 5 juin 2013, n° 11-21255 (l’employeur doit assurer l’adaptation des salariés à leur poste de travail et maintenir leur capacité à occuper un autre emploi) – Anne Lise Castell – Tissot Éditions
(5) Le Céreq est un établissement public qui dépend du ministère de l’Éducation nationale et du ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation Professionnelle et du Dialogue Social. La relation formation-emploi est au cœur de beaucoup d’enjeux de la société française. Le Céreq est un expert majeur dans ce domaine depuis quarante ans. http://www.cereq.fr/index.php/menus/entete_de_page_menu_inferieur/Le-Cereq